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Mais bien le premier

Publié le

Le septième cercle
n'est pas le sixième,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le troisième,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le premier.

Le sixième cercle,
n'est pas le septième,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le troisième,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le premier.

Le cinquième cercle,
n'est pas le sixième,
n'est pas le septième,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le troisième,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le premier.

Le quatrième cercle,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le sixième,
n'est pas le septième,
n'est pas le troisième,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le premier.

Le troisième cercle,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le sixième,
n'est pas le septième,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le premier.

Le deuxième cercle,
n'est pas le troisième,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le sixième,
n'est pas le septième,
n'est pas le premier.

Le premier cercle,
n'est pas le deuxième,
n'est pas le troisième,
n'est pas le quatrième,
n'est pas le cinquième,
n'est pas le sixième,
n'est pas le septième,
mais bien le premier.

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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D'une traite

Publié le

Les doigts découvrent leur pouvoir au bout d'avant-bras boudinés,
ouvrant des mains potelées vissées sur leur poignet, c'est une sorte de Flamenco.
Les doigts se plient et se déplient, le pouce, l'index, le petit doigt, tous au travail,
pendant que la tétine est mastiquée jusqu'à plus soif.
Le biberon flanqué dans la bouche, l'enfant à la renverse en vide le contenu.
Les yeux mi-clos, les bras écartés, brandissant ces poings comme pour crier victoire
ou gonfler des biceps peu convaincants, la demoiselle prend des forces.
Ce n'est pas grand. Ce n'est pas lourd. 
Mais ça mange goulûment. Ça vide le bibi d'une traite.
Ça s'endort un peu sur la fin. Mais ça ne laisse pas une goutte.
Helena avait faim.

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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Tout est changé

Publié le

C'est un plateau entier qui bascule, faisant rouler les billes sur le parquet,
faisant monter ce qui était en bas, faisant descendre ce qui était en haut.
C'est un monde entier qui reste le même mais qui n'est plus le même.
C'est le même corps, le même décor, les mêmes lois de la gravité, 
mais soudain, tout est changé.

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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Du plaisir à seaux

Publié le

Au ciel qui craque, de toute son eau,
il pleut à verse, à remplir des tonneaux,
en cascades, débordant les chéneaux,
le long des vitres, jusqu'aux caniveaux,
au déluge soudain, tout coule à flots,
de tes cheveux comme sur tes carreaux,
le jean trempe et le capot de l'auto,
essuie-glaces et flaques, fuient au galop,
au tonnerre en colère qui, aussitôt,
annonce des éclairs et des ruisseaux.
Le ciel obscurci est tombé de haut.
Inondant tout, rigoles et silos,
courant en riant, du plaisir à seaux.

- Riant quoi ? ...
- Du plaisir et des rires ! ... 
et des rires à seaux !

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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Avant-bras et bande de potes

Publié le

Je sentais son désir enfler secrètement,
espérer du plaisir dans son confinement,
ce lieu trop à l'étroit, devenu trop petit
pour un arbre qui croît autant que l'appétit.
J'ai senti la pression qui changea son allure,
son pas, son expression, les traits de sa figure,
la pupille des yeux et le grain de la voix,
tout ce sang délicieux de partout à la fois
qui l'entravait soudain dans l'allant de sa marche,
aux jambes de rondins qui s'arquaient comme une arche,
cherchant la diversion, à tout dissimuler
de ce que des frictions tenaient à stimuler.
Je l'ai senti gêné, et bien embarrassé,
consterné et freiné, comme cadenassé,
pris dans ce gonflement qu'il ne comprenait pas,
et dans l'essoufflement des plus beaux des sherpas.
C'est qu'il portait du poids, tout autour de son ventre,
en panique et pantois, aux flux qui se concentrent.
Nous marchions côte à côte, les bras se sont frôlés.
Et sous nos têtes hautes, du lourd s'est envolé.
Aux dermes éprouvés d''un mouvement fortuit,
la chair s'est retrouvée serrée dans son étui.
Réaction immédiate au contact de la peau.
Du tissu se dilate et n'est plus au repos.
Nous faisions en silence comme si de rien n'était.
Nous promenions nos lances, tout raides, en société.
A couvert. Impassibles. Et sans nous regarder.
Le secret est sensible et serait bien gardé.
Mais nous savions tous deux ce qui nous arrivait.
Tout doux était ce feu dévorant nos rivets.
Boucliers devant nous, et armés jusqu'aux dents,
glaive entre les genoux, et le trac en dedans,
il fallait avancer, et faire l'air de rien.
Ne surtout pas penser à ce drôle de lien.
A ces lianes tendues qui voulaient se nouer,
ces branches de pendus et ces troncs écroués.
Nos corps nous disaient bien la chose inavouable.
Le sien comme le mien comme jouets du diable.
Surpris et amusés. Ravis et effrayés.
Le désir aiguisé nous avait réveillés.
D'excroissances dodues semblant manquer de place,
de flots inattendus prêts à briser la glace.
Une attraction muette nous avait aimantés
quand le sang de la bête ne cessait de monter,
grossir les prétentions d'un impétueux désir
de ces disproportions maculées de plaisirs.

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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Un, deux

Publié le

Ils cherchent tous une raison d'être, leur place, de l'amour et de la reconnaissance,
ils cherchent tous une raison de vivre, le bonheur, de l'affection et le sens de l'existence.
Ils sont touchants. Et prévisibles. Ils sont puissants. Ultra-sensibles.
Une espèce animale comme les autres. Une espèce animale pas comme les autres.
Prisonniers de leur corps. Et prisonniers du temps.
Je les aime bien. Je les aime beaucoup.
Ils m'agacent et m'exaspèrent. Mais je les aime comme des frères.
Je suis l'un deux.
Exactement comme eux.
Je suis un. Je suis deux.

 

Philippe LATGER / Mai 2025

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Qui contient les deux choses

Publié le

Le silence est un espace à conquérir.
Il faut lutter pour y parvenir un temps. Prendre le temps d'y parvenir et de s'y maintenir.
Contre les sollicitations permanentes de ce monde, les bavardages, les signaux de notifications,
le harcèlement de la publicité, d'informations non hiérarchisées, la diarrhée des réseaux sociaux,
le silence se gagne.
Et le miracle qui vient avec lui.
Puisqu'à ce silence se produisent des phénomènes, aussi extraordinaires qu'aisément accessibles.
A portée de main. A portée d'âme. Quand des retrouvailles s'opèrent enfin. Avec nous-mêmes.
Dans ce silence, le temps s'arrête. Ou bien se métamorphose-t-il. Quand le présent prédomine.
Dans le silence, le présent s'installe enfin. Se dilate tout en s'aiguisant. Deux mouvements contraires.
Le présent devient saillant. Vertical. Aussi vrai qu'il s'étale, et incorpore peu à peu le passé et le futur.
Le passé et le futur immédiats. D'abord. Que le présent embrasse sans efforts. Et puis, cela s'accroît.
Le présent s'élargit encore, encore davantage dans le passé, encore davantage dans l'avenir.
Tout en devenant de plus en plus présent. Dans tous les sens du terme.
Et ce phénomène s'accompagne d'une autre manifestation, aussi contradictoire que la première.
Dans le silence, nous devenons plus nous-mêmes, aussi vrai que nous disparaissons.
Cette disparition est en fait un élargissement. Ce qui est vrai pour le présent l'est alors pour nous.
Nous devenons ce que nous avons été, et ce que nous serons, nous retrouvons l'essence de l'être.
Et devenons de ce fait le temps et l'espace que nous traversons, avons traversé et traverserons.
Nous devenons les arbres, le ciel, les oiseaux et les nuages, la rivière et la côte, la montagne et la neige.
Nous devenons ceux que nous avons connus, ceux que nous connaissons, et ceux que nous connaîtrons.
Dans le silence soudain, alors que le présent devient le temps dans son entièreté, et toutes ses dimensions,
nous devenons nous-mêmes, au paroxysme du possible d'être soi-même, et devenons le tout, l'ensemble,
de ce qui nous entoure et dont nous faisons intimement partie.
Il en faut du silence. Il en faut du temps pour pénétrer ce silence. Un silence qui ouvre toutes les boîtes.
Qui abat tous les murs, toutes les cloisons. Qui dissout les frontières, les barrières, et jusqu'à notre peau.
Pour sortir de ce corps tout en le sentant plus que jamais vibrant. Au silence, tout est présent.
Ce qui a été et ce qui sera. Puisque le silence est le présent. Où la conscience redevient conscience.
Animale. Spirituelle. Incarnée. Et l'expérience est hallucinante. Comme un voyage astral.
Tout ce qui est mort reprend sa place. Tout ce qui n'est pas encore s'y révèle.
Formant ensemble ce miracle de l'existence. Celui d'être. A l'instant t. Le miracle du présent.
Sans pollutions sonores et intellectuelles. Sans perturbations de son petit monde quotidien.
Le silence plombe et leste verticalement, aussi vrai qu'il propulse vers l'horizontal absolu.
Le passé et l'avenir. Les quatre points cardinaux. Des cieux jusqu'au tréfonds. Du monde et de soi-même.
Puisque tout à coup, dans ce silence omniscient, même notre conscient finit par se taire tout à fait.
Notre voix intérieure s'arrête de s'auto-persuader de telle ou telle chose, s'arrête de prier ou de rêver.
Quand nous finissons de bavarder avec nous-mêmes dans notre tête, le silence se fait véritablement.
Et la décorporation est possible. Ou, mieux que cela, le double phénomène éblouissant, bouleversant,
d'une décorporation et d'une méga-incarnation. En même temps. 
Il en faut du temps, pour gagner ce silence. Ce temps, il faut le prendre. Envers et contre tout.
N'ayez pas peur d'être seuls avec vous-mêmes. Quand, dans ce silence, nous serons légions.
De siècles et de millénaires d'ancêtres et de générations. Des milliards de séquences de nous-mêmes.
Des myriades d'âmes humaines, d'expressions du vivant, passé et à venir, et des myriades d'anges.
Tout est en nous. Au présent absolu. Qui contient les deux choses. Ensemble.
L'éternité et l'infini.

 

Philippe LATGER / Avril 2025

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J'ai compris

Publié le

Indigestion de chair, de sang, et de sécrétions,
overdose d'étreintes, de luttes, et de frustrations.
Nous sommes prisonniers de ces deux choses radicalement contradictoires.
Je veux être comme tout le monde.
Je ne veux pas être comme tout le monde.
Tout le monde, sincèrement, désire les deux choses, en même temps.
Collectivement. Individuellement.
Les groupes. Les couples. Les familles. Les communautés. Les cités. Les nations.
Je veux être comme tout le monde.
Je ne veux pas être comme tout le monde.
Un garçon. Une fille. Un enfant. Un parent. Une épouse. Un frère. Un voisin.
Je ne veux pas être comme tout le monde.
Je veux être comme tout le monde.
Deux versions de la justice. Deux exigences de justice.
La liberté. L'égalité.
La liberté. Autrement dit : je ne veux pas être comme tout le monde.
L'égalité. Autrement dit : je veux être comme tout le monde.
Et tout ce monde se débat, depuis la nuit des temps, entre ces deux contradictions,
entre ces deux pulsions contraires.
Indigestion de muscles, de langues, de baisers, de masturbations.
Overdose de désirs, de plaisirs, de violences, de séparations.
Je suis fatigué des hommes.
Les hommes me fatiguent.
Je les aime. Mais j'ai compris.
Tous prévisibles.
Irrésistibles.
Merci.
J'ai compris.

 

 

Philippe LATGER / Avril 2025

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Tout est too much

Publié le

La route est une étroite bande de goudron léopardée de lucioles incandescentes.
Des taches de lumière comme impacts d'une pluie fine de météorites qui ont trouvé le sol.
Hors du tunnel de verdure, une canicule accablante a ouvert la clameur assommante des cigales.
Un brasier sonore qui répond à l'espace aveuglant qui entoure la bande protégée sans la menacer.
Cette route, entre Bompas et Sainte-Marie-la-mer, qui passe par Villelongue-de-la-Salanque.
Bordée de deux alignements robustes de puissants platanes, en rangs serrés, de bout en bout.
La voiture est d'une légèreté grisante, prête à s'envoler à chaque dos d'âne sur les canaux d'irrigation.
Le moteur de la 2CV roucoule gaiement de la gorge dans ce couloir ombragé pour nous conduire à la mer.
Le parebrise n'est pas grand. Les portières sont en tôle. La toile de la banquette arrière sur du tubulaire.
Les joints sont cuits. Avec cette odeur de caoutchouc brûlé de l'auto restée trop longtemps au soleil.
Tout est too much. La chaleur sur la peau, dans l'air que l'on respire. Le vacarme des cigales.
L'intensité de la lumière à peine tamisée par les feuillages pourtant épais qu'elle transperce.
Les cheveux relevés en chignon ne couvrent pas le cou de la femme qui conduit la voiture.
Je suis à l'arrière et j'ai déjà dans le nez la fragrance du sel dans l'éponge rêche des serviettes de plage.
Et de ces rouleaux de paille que ma mère affectionnait pour s'allonger sur le sable. Elle conduit.
Mon père n'est pas là. Il doit être au bureau. Il nous rejoindra dès que possible, après le travail.
Nous sommes certainement allés chercher des affaires à la maison de Bompas.
Mes vêtements sont aussi légers que la 2CV qui fend l'air brûlant. Il m'enveloppe totalement.
Toute ma peau a ouvert ses fenêtres pour l'accueillir. Pour qu'il pénètre mes muscles d'enfant.
Tout est too much. L'été. La chaleur. La lumière. L'amour. Et mon bonheur de gosse.

 

 

Philippe LATGER / Avril 2025

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Collégiale

Publié le

Je pose un pas sur la première marche
et tout s'effondre dans un fracas qui n'est pas de mon temps.
Je pose un pas sur la deuxième marche
et tout s'effondre
en moi.

 

Philippe LATGER / Avril 2025

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