Relis-moi
Je t'aime, je le peux, toi et tes revenants.
Si je connais un peu l'homme de maintenant,
j'ignorais tout de toi, mais de toute façon,
je découvre pantois ce qui, petit garçon,
t'effrayait, te touchait, t'amusait, te veillait,
t'aimait, t'effarouchait, ce qui t'émerveillait.
C'est mon amour qui mue au fil de tous ces liens.
J'ai été très ému d'être parmi les tiens.
J'ai eu le cœur serré, le cœur en noir et blanc,
quand tu as déterré, on ne fait plus semblant,
ces photos du passé où je t'ai vu enfant,
les nuages chassés, le soleil triomphant.
Que l'on m'exclut après, c'est mon âme qu'on pince !
Ta mère m'a montré les portraits de son prince
qui est le mien aujourd'hui, qui le sera toujours.
Tout mes mots sont pour lui, plus faibles que l'amour
qui sait les animer et qui me les inspire.
Ce n'est que pour t'aimer que ma bouche respire.
Ton village et ton bois, ta maison et ta rue,
tout fait partie de moi. Tout revient et se rue
à mon bon souvenir et à ma propre enfance.
Je veux que l'avenir assure ma défense.
J'ai aimé tes parents, leurs chiens et leurs chevaux.
Tu dis que c'est marrant. Sais-tu ce que ça vaut ?
J'ai été bouleversé de voir ton univers.
En moi tu as versé du soleil en hiver.
Privilégié je suis quand tu te déshabilles,
que chez toi je te suis, reçu par ta famille.
Tu me montres tes lieux, m'invites à ton chevet,
me présentes à ton dieu, le rideau s'est levé,
tu me fais visiter, sous l'ardoise et la craie,
toutes tes vérités et tes jardins secrets.
Et je crains tout à coup, perdu entre mes lignes
et la corde à mon cou, de ne pas être digne
de l'honneur que tu fais à ton admirateur.
Je ne suis point parfait mais bien ton serviteur.
Pas digne de ton corps, digne de ta confiance ...
Ce n'est pas au décor que mon cœur se fiance.
Ce n'est pas à l'acteur que je voue ma passion,
ni même au séducteur, ni au petit garçon,
c'est à toi tout entier, mon amour et mon ange,
que je veux m'allier sur l'or d'une phalange.
Plus j'explore de toi, plus j'adore le tout.
J'ai dormi sous ton toit, je t'ai rêvé partout.
Si ce n'est de passion, ce n'est pas d'amitié
qu'il peut être question, de bonheur à moitié.
Après toi j'ai couru. Ne dis pas que tu pars.
Le chemin parcouru est un point de départ.
Comment tout cet amour à nos desseins peut nuire,
Quand nous n'avions toujours de cesse de construire ?
J'aimerai le tilleul si j'aime tes cheveux.
J'avance et même seul, j'apprends que je te veux.
Sans toi je ne suis rien, mais ce n'est pas le pire.
Bien des gens ne sont rien. Ce n'est rien de le dire.
Je préfère être tout si ce n'est que pour toi.
Le reste je m'en fous. Garde ma bague au doigt.
Le soleil a ramé. Sur tes bois il a plu.
Je suffoque d'aimer quand on ne m'aime plus.
Ma folie a sévi. Est morte ma démence.
Reviens me donner vie ; je te l'offre en silence.
Je ne t'ai pas roulé dans mes alexandrins.
Sur tes reins ont coulé les aveux de mes drains.
Relis-moi de plus près si vient l'ombre d'un doute
sur ma sincérité et tout ce qu'il m'en coûte.
Dans mes vers essoufflés, je ne t'ai pas menti.
Dans ton verre soufflé, j'ai bu jusqu'à la lie.
Je l'ai écrit cent fois, et tu m'en vois navré :
je n'ai aimé que toi, je ne suis pas sevré.
Je me croyais amant. Ce signifié s'allège.
Quel est ce sentiment qui fait boule de neige ?
Envie de t'enlacer devenue un besoin.
Au lieu de me lasser, je veux aller plus loin.
Quelle est donc cette loi qui fait si peu de bruit.
Je n'ai aimé que toi, mais moins fort qu'aujourd'hui.
Je me surprends vraiment, à chaque jour qui passe,
à vouloir fermement nous sortir de l'impasse.
Car plus je te connais et plus tu m'émerveilles.
Des amours je n'en ai jamais eues de pareilles.
Les insultes tu dois oublier à tout prix.
C'est mon cœur maladroit. C'est mon cœur incompris.
Mon âme kidnappée sombrait dans la torpeur.
M'avais-tu échappé ? De te perdre j'ai peur.
Reviens-moi. Reviens-moi. Je te veux pour toujours.
Je n'ai aimé que toi depuis le premier jour.
Tu sais, j'ai progressé. Je me rallie à tout
ce que j'ai transgressé et je ne suis plus saoul.
Cette folie douce ne fera plus la loi.
Je renonce à tout ce qui m'éloigne de toi.
Je me fous de la baise et de mes décadences.
Je sais combien tu pèses dans la seule balance.
Le bonheur confisqué, je ne suis qu'un forçat.
Je ne peux plus risquer de te perdre pour ça.
J'ai beaucoup avancé, beaucoup appris de toi,
mûri, récompensé, et je suis fier de moi.
Je ne suis plus railleur, ni schizo, ni martien.
Tu m'as rendu meilleur. Un homme je deviens.
Un autre pourrait-il récolter sans effort
le fruit du grain subtil que tu as mis dans mon corps,
te voler les lauriers de ce travail géant,
ramasser les billets de ton jeu bienveillant ?
Des succès séduisants nous avons engrangés.
Pourquoi fuir à présent après m'avoir changé ?
Le but était précis, voulu pour être aimé.
Récolte donc ici ce que tu as semé.
C'est à toi que revient la moisson inouïe
de ce que je deviens, du bonheur dont je jouis.
Pourtant je suis puni. Tu m'as mis au mitard.
Peut-être est-ce fini. Peut-être est-ce trop tard.
Tu peux m'abandonner, tu ne me quittes pas.
Le tocsin peut sonner. Je te suis pas à pas.
Je te donne mon art, mes chansons et mes faits.
Tu es mon étendard. Relis Cause à effet.
Seul ton nom me convient, me sourit et m'enivre.
Tu restes mon seul bien ... Et ma raison de vivre.
Tu me prives de toi. Je suis seul en Salanque.
Je ne pense qu'à toi. Je te veux, tu me manques.
Le soleil a ramé. Sur tes doigts il a plu.
Je suffoque d'aimer quand on ne m'aime plus.
Mon cœur est tout mâché mais il fait du boucan.
Je suis prêt à marcher. La balle est dans ton camp.
Je te donnerai tout ce qu'il reste à donner.
Si j'étais fou et saoul, il faut me pardonner.
Je te donne mon or, mes tangos, mes délires.
Je t'aimerai encor quand restera le pire.
Je te donne mes yeux, je te donne ma peau,
je te donne mes lieues, mon manteau, mon chapeau,
mon piano, mes pensées, mes vers, mes litanies,
mes scènes insensées et mes rêves bannis ...
Prends tout ou je me meurs. Reviens-moi maintenant.
Je t'aime, j'en ai peur, toi et tes revenants.
C'est toi qui avais raison, il faut fuir la passion,
l'effroyable prison, sous pression, sous tension,
le dangereux élan, l'éphémère mirage,
le piège étincelant pris dans l'œil de l'orage.
La nôtre est consommée. L'écume se retire.
Je me suis consumé et mes cendres s'étirent.
Je suis prêt désormais à en porter le deuil.
De notre histoire aimée, je veux franchir le seuil.
La passion est un jeu, la nôtre est achevée.
Notre amour de ce feu pourra-t'il nous sauver ?
Pourra-t'il nous garder et nous faire survivre ?
Pourra-t'il résister, nous amener à suivre ?
Je suis prêt à passer au chapitre suivant.
Oublie donc mon passé pour me rendre vivant.
Tous mes efforts alors, ne seraient que du vent.
A ma phalange l'or ! Donne-moi de l'avant.
Je n'ai aimé que toi. Je n'aimerai que toi.
Mais l'angoisse me broie. Une bague à ton doigt.
Ta mère m'a montré les portraits de son prince.
Que l'on me chasse après, c'est mon cœur que l'on rince.
Je voudrais m'allonger contre toi dans ton lit,
juste dormir, songer, quand tes mains se délient,
une sage étreinte, chaste, tendre et pudique,
la lumière éteinte, pour que nos chairs s'appliquent.
Echec et mat. Capot. Hyde s'est fait la paire.
Je n'ai plus que ta peau. Je n'ai d'autres repères.
Tant pis pour le plaisir. Tu es seul maître à bord.
Le corps et le désir se résument à ton corps.
Je voudrais te sentir, du bout de mes fleurets,
de mes doigts, consentir à juste t'effleurer,
à tes fleurs me pâmer, éclore et m'effeuiller,
recueillir à jamais, tes lilas, tes œillets ...
Ta nature est en moi. C'est moi qu'elle fait bouillir.
C'est toi qui as le choix. Relis Tu peux vieillir.
Pour quoi donc suis-je fait, suis-je venu au monde,
pour quel ordre parfait, pour quelle lune ronde ?
Saurais-je donc jamais quel destin j'ai gagné ...
Je suis là pour t'aimer. Je veux t'accompagner.
Si j'ai tout exploré, je sais que mon cœur bat,
que c'est pour t'adorer que je vis ici-bas.
Tous les mots que je couve ne seront massacrés.
Ils se lèvent et te prouvent qu'ils te sont consacrés.
Si tu les trouves plats, alors tu m'assassines.
Bien sûr, je ne suis pas ni Hugo ni Racine.
Mais je mets tout mon poids, le feu et l'énergie,
mon espoir et ma foi, la fougue qui surgit,
ma force décuplée, dans ces lignes signées
pour te voir s'il te plaît, touché, ému, soigné,
pour te porter très haut et tes voiles gonfler,
ou t'apporter de l'eau, dans tes bronches souffler,
te rendre doux et fier, éclairer ton visage,
te donner de ma chair, te donner du courage.
Si tu doutes de toi, lis mon amour en moi.
Je t'aimerai deux fois. Accorde-moi le droit.
Le soleil est mon choix. C'est ailleurs qu'il a plu.
Je t'aimerai pour toi si tu ne t'aimes plus.
Je me ferai catho, hébreu ou anglican.
Je suis mon seul cadeau. La balle est dans ton camp.
De Province on rentrait dans la même voiture
et mes regrets entraient dans cette conjoncture.
Je suis reçu, promu, chez toi ... ça me revient.
J'ai été très ému d'être parmi les tiens.
J'ignorais tout de toi, mais de toute façon,
j'aimais autant le roi que le petit garçon.
Mes larmes ont perlé à l'intérieur blessé.
Je ne pouvais parler de peur de t'agacer.
Alors mon désespoir a dû rester pantois.
Mais tu dois le savoir : je n'attendrai que toi.
N'accepte mon discours que s'il ne te dérange.
Je mets tout mon amour dans l'or à ta phalange.
Philippe LATGER
Août 2002 à Perpignan