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Emmène-moi ailleurs, sans attendre la nuit,
dans un monde meilleur où l'on rit de l'ennui.
Mène-moi loin d'ici pour aller droit devant,
sur ton tapis, assis, volant vers le levant.
Dans le vent emportés, sur tes nuages clairs
par le feu escortés, au-dessus des éclairs,
nous saurons affronter l'orage et le désert,
le tonnerre effronté, le vertige des airs.
Emmène-moi là-bas, au-delà des forêts,
des feuilles de tabac, des sapins décorés,
loin des champs de coton, des plaines calcinées,
des troupeaux de moutons, des villes dessinées,
des arbres décimés, des plages mazoutées,
du sang millésimé dans nos veines shootées.
Emporte-moi au loin, dans ces pays lointains
où l'on dort dans le foin jusqu'au petit matin.
Je veux voir le soleil, un océan d'oiseaux,
une lune en vermeil jouer dans les roseaux.
Emmène-moi courir sur la terre adoptée
où je pourrai nourrir des chevaux indomptés,
ce paradis secret où l'on est courageux,
où le sel est sucré, où l'amour est un jeu.
Peux-tu lever les fers d'une vie insultée,
pour aller voir la mer, et rire et exulter !
Mes valises levées seront vites bouclées.
De ton monde rêvé je veux avoir la clé.
Emmène-moi danser dans ta salle de bal.
Devenir fiancés en un rite tribal.
Je veux toucher le ciel, fouiller tous les envers.
Je veux goûter au miel de tous tes univers.
Je veux fuir les hivers, et les cirques glacés,
pour fondre tous mes vers au feu de mon passé.
Emmène-moi direct à la case printemps,
loin des regrets abjects et des affres du temps.
La neige c'est de l'eau. Le vent c'est des pensées.
La flamme est un halo que je veux dépenser.
Avec toi je vivrai, toujours de port en port,
et mon corps délivré sera ton passeport.
Je pourrai tout brûler, sauf mon désir pour toi :
ce goût acidulé me brûlera à moi.
Nous trouverons de l'or et des îles à tribord.
Tes yeux seront alors mon seul journal de bord.
Nous irons convoler en terres enchantées.
Emmène-moi voler sur des landes hantées,
dans les sombres manoirs, les superbes palais.
Nous irons nous asseoir sur des bancs de galets.
Nous roulerons nos corps dans les herbes et les prés.
Et si tu es d'accord, mon paquetage est prêt.
Emmène-moi ailleurs, peu importe l'endroit,
au pire ou au meilleur, car mon ailleurs c'est toi.



Philippe LATGER
Décembre 2001 à Toulouse

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